L'histoire reprend là où le premier livre s'était interrompu. Tengo et Aomamé se cherchent toujours, sans jamais y parvenir. Dans le ciel, les deux lunes sont toujours là, mais seule Aomamé a l'air de l'avoir remarqué. Fukaéri a disparu depuis plusieurs jours, et Tengo commence à se demander si les Précurseurs, le mouvement sectaire dont elle a pu s'échapper, ne sont pas mêlés à tout cela. Au même moment, Aomamé, toujours professeur d'arts martiaux, reçoit une dernière mission de la part de la vieille femme qui l'emploie : elle est chargée d'assassiner le leader des Précurseurs, au cours d'une séance d'étirements censée le soulager des terribles douleurs qui l'accablent quotidiennement. Une fois ce travail accompli, Aomamé devra changer de nom, de visage, de vie. À moins qu'elle ne prenne une décision plus radicale encore. De son côté, Tengo est approché par une étrange organisation qui lui propose, sous un prétexte dérisoire, une énorme somme d'argent. Alors que, de part et d'autres, les événements mystérieux semblent se multiplier, Aomamé et Tengo sont plus près que jamais de se retrouver. Mais dans le monde étrange de 1Q84, les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être...

 

Dès les premières lignes, le lecteur replonge avec délices dans le monde onirique créé par Haruki Murakami, cet univers légèrement décalé où des Little People tissent, nuit après nuit, des chrysalides de l'air. Les personnages sont toujours aussi 1Q84_2.jpgénigmatiques et attachants, et la personnalité d'Aomamé est plus approfondie qu'auparavant dans les chapitres qui lui sont réservés. Bien sûr, on trouve un certain nombre de redites et de longueurs, notamment dans la première partie, et l'on se demande parfois si Murakami a été payé à la ligne ou s'il prend juste son lecteur pour un imbécile incapable de se souvenir du premier volume. Dans l'ensemble, les qualités et les défauts de cet ouvrage sont d'ailleurs les mêmes que ceux de son prédécesseur : l'histoire est prenante, avec une bonne dose de suspense, et l'imaginaire fonctionne à plein régime, mais le style est parfois surprenant (sans qu'on sache s'il s'agit d'un défaut de traduction, d'une rigueur de la langue japonaise difficile à rendre en français, ou d'une maladresse de la part de l'auteur), et certaines répétitions alourdissent considérablement l'ensemble (si, en refermant le livre, vous n'avez pas retenu que Tengo et Aomamé se sont pris la main quand ils avaient dix ans, et qu'ils n'ont jamais pu oublier ce qu'ils ont ressenti à ce moment-là, c'est vraiment que vous le faites exprès). Néanmoins, Murakami semble avoir décidé de lever un peu plus le voile sur certains mystères de son monde si particulier, notamment sur la nature des Little People ou sur le contenu du livre écrit à quatre mains par Fukaéri et Tengo, et ces éclaircissements ménagent une tension dramatique tout à fait appréciable, celle-ci atteignant son paroxysme avec le dernier chapitre, où un événement inattendu vient bouleverser toutes les certitudes du lecteur, et lui donne envie de se plonger aussitôt dans le troisième tome. Cela se confirme donc, 1Q84 constitue une trilogie inégale, bien moins impressionnante que Kafka sur le rivage, mais suffisamment originale et bien écrite pour valoir tout de même le détour. 3 étoiles


Découvrez également la critique de 1Q84, tome 1, de Haruki Murakami

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