Un soir, sur une petite route de campagne, au volant de sa voiture, Marie, jeune cadre dynamique promise à un brillant avenir; percute un cycliste. Complètement bouleversée par l'accident, elle est incapable de porter secours au blessé. Elle remonte dans son véhicule sans même songer à prévenir les secours. La victime, Claire, jeune maman un peu simple d'esprit, meurt des suites de ses blessures, toute seule dans le fossé. Marie, quant à elle, continue de fuir, en voiture d'abord, puis à pied. Elle détruit son portable et sa carte bleue, efface le disque dur de son ordinateur et abandonne sa voiture. Dans sa fuite, elle croise quelques personnes, plus ou moins bien attentionnée, jusqu'au jour où elle tombe sur Denise et son fils Alain, chez qui elle s'installe pour quelques jours, avant de repartir, décidée à retourner sur les lieux du drame : elle a appris que la cycliste renversée travaillait dans un parc somptueux, L'Yprée, tout juste restauré par Gaspard Davrière, un célèbre paysagiste en passe de devenir aveugle. Sans trop savoir pourquoi, Marie décide de se présenter pour reprendre le poste de Claire, désormais vacant. Elle fait alors la connaissance d'Emile, le père de celle-ci, gardien du parc. Mais comment trouver les mots pour dire l'inavouable ?

 

Avec sa couverture bucolique, ambiance Nymphéas de Monet, son titre passe-partout rencontre.jpget sa quatrième de couverture façon roman Harlequin, ce livre pourrait facilement inaperçu sur les rayons des librairies, et ce serait bien dommage, car lorsqu'on prend la peine de l'ouvrir, on est aussitôt happé par un style puissant, vif, parfois heurté et elliptique, souvent lyrique et enlevé. La description de l'accident qui ouvre le roman est un petit bijou qui donne le ton de l'ensemble du livre. Certes, au début, il paraît difficile de s'attacher à l'héroïne et à son comportement, précisément loin d'être héroïque lors de l'accident, mais peu à peu, au fil de ses pensées, de ses remords et de ses doutes, elle regagne un peu d'humanité, nous renvoyant à notre propre conscience : qui peut affirmer sans ciller qu'il n'agirait jamais comme elle l'a fait ? Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants, avec une épaisseur psychologique remarquable, entre Denise, la fermière accueillante et maternelle, Alain, le jeune homme taiseux, mauvais amant mais qui sait à merveille écouter les gens, Gaspard, hanté par sa cécité inéluctable, qui fait chaque jour ses adieux à cette nature qu'il a tant aimée, Émile, le père bourru mais au grand cœur... Même sans être particulièrement complexe et tortueuse, l'intrigue est plaisante et agréable à suivre, et l'ensemble du roman témoigne d'une grande subtilité dans l'étude de la complexité des sentiments, ainsi que d'une écriture remarquablement fine et soignée.     3,5 étoiles

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