Depuis son enfance, Annabelle Granger s'est habituée à devoir changer d'identité au fil des déménagements successifs de sa famille. Nouveau nom, nouvelle maison, nouvelle histoire familiale... Et tout cela sans que ses parents lui donnent la moindre explication, même après plusieurs années de déménagements. Avec le suicide de sa mère et la mort accidentelle de son père quelques années plus tard, Annabelle a renoncé à essayer de comprendre la raison de cette fuite perpétuelle, et s'est persuadée que son père avait développé une paranoïa aiguë qui le poussait à enseigner à sa fille les techniques d'auto-défense les plus efficaces. Mais un jour, la découverte d'une cave souterraine aménagée dans le parc d'un hôpital psychiatrique désaffecté de Boston vient bouleverser l'existence morne et terne dans laquelle Annabelle se complaisait : la cave abrite en effet les cadavres de six petites filles inconnues, dont le corps s'est momifié naturellement, rendant toute identification impossible. Or, l'une d'elles porte un médaillon inscrit au nom d'Annabelle Granger... Aussitôt, la véritable Annabelle, bien vivante, décide de sortir de l'ombre et de se manifester auprès de la police. Mais elle n'imaginait pas que le tueur l'attendait, tapi dans l'ombre, depuis vingt-cinq ans, et que son existence serait à nouveau menacée...

 

Avis aux amateurs de polar et de suspense, ce roman est fait pour vous : de la première à la dernière page, impossible de le lâcher avant de savoir le fin mot de l'histoire. Ce livre présente également plusieurs originalités : pas de recours à un serial-killer comme on pourrait s'y attendre au début (on découvre vite que les six victimes ne sont en réalité que très secondaires par rapport à l'intrigue principale), ressort habituellement utilisé par les auteurs pour maintenir une certainesauver.jpg tension, pas de délire érotico-mystique (ce qui semble être très à la mode dans les thrillers contemporains, alors pour une fois qu'un auteur nous épargne cet élément, ne boudons pas notre plaisir), pas de grosses ficelles ou de twist sorti de nulle part, l'intrigue est assez bien construite pour être cohérente sans être complètement prévisible non plus. Outre le fait, donc, de réussir à maintenir le suspense pendant près de 500 pages à partir d'un seul meurtre, Lisa Gardner a réussi a créer des personnages attachants et complexes, notamment l'enquêteur principal, ancien tireur d'élite reconverti dans la police d'Etat à la suite d'une intervention ayant mal tourné, souvenir qui le hante encore des années plus tard. Certes, le style, quant à lui, n'a rien d'exceptionnel, mais cette écriture ordinaire ne gâche pas le plaisir de la lecture, d'autant que la traduction est plutôt bonne. Un autre aspect intéressant de ce roman est qu'il s'amuse à décevoir les attentes du lecteur, comme un chat jouant avec une souris : ainsi, on attend en vain les résultats des analyses ADN des cadavres, à la fois parce que, comme on l'a dit, les petites filles, à l'exception de celle qui porte le médaillon d'Annabelle, n'ont rien à voir avec cette dernière, et parce que l'auteur a choisi de respecter les délais réels de ce genre d'investigation, prenant le contre-pied de toutes les séries télévisées où les enquêteurs obtiennent résultats ADN, relevés téléphoniques ou bancaires et autres données en quelques minutes. Avec son intrigue palpitante et ses personnages originaux, Sauver sa peau est un bon roman policier, qui certes ne marquera pas son lecteur pour des années, mais est suffisamment bien construit pour nous entraîner plusieurs heures durant dans son univers oppressant. 3,5 étoiles

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