Il y a longtemps, très longtemps, lorsque les dieux régnaient encore sur le monde, l'or pur reposait au fond du Rhin, gardé par les filles d'Odin. Mais l'une d'elles, Sieglinde, séduite par un mortel, laissa l'ignoble Fafnir s'en emparer en maudissant l'amour et accéder à la puissance absolue. Elle s'enfuit avec son amant mais tous deux meurent d'épuisement et de froid, puisque Odin a retiré à sa fille traîtresse son immortalité. Toutefois, l'enfant qu'elle avait mis au monde est recueilli par un Nibelung, Mime, le forgeron, qui l'élève dans une sombre au forêt, dans l'espoir de le voir un jour combattre Fafnir changé en dragon et ainsi récupérer l'anneau. De son côté, Brünhild, l'une des Walkyries, fille d'Odin, consulte la vieille sorcière Volva, détentrice de la sagesse et capable de lire dans le passé comme dans l'avenir, afin de savoir si Siegfried sera capable de vaincre Fafnir et rétablir la puissance divine, prête à combattre à sa place en cas d'échec du fragile mortel, qui ignore encore tout du destin auquel il est appelé. Dans le deuxième tome, Siegfried, en quête de ses origines et résolu à vaincre Fafnir, parcourt le monde, accompagné de son fidèle Mime, plus égoïste et caractériel que jamais. Mais les géants et les sorcières commencent à se révolter contre la suprématie des dieux, et leur voyage sera loin d'être de tout repos...

Avec une intrigue librement inspirée de la célèbre Tétralogie de Wagner, Alex Alice nous transporte au coeur de la siegfriedmythologie scandinave, dans une histoire complexe qui mêle hommes et dieux, dans une lutte à mort pour le pouvoir contre les forces du mal incarnées par Fafnir. Les dessins et les couleurs sont sublimes, l'intrigue haletante, la poésie omniprésente, avec une pointe d'humour, surtout dans le deuxième volume, où les ressorts comiques sont subtilement dosés (notamment dans la relation ambivalente, mélange de tendresse et de haine, qui unit Siegfried à son père adoptif Mime) et apportent un nouveau souffle à la tonalité tragique qui prédomine dans le reste de l'oeuvre. Si le premier tome pouvait sembler un peu obscur, dans la mesure où certains passages semblaient dénués de lien avec le reste de l'histoire, le second appo
walkyrie.jpgrte de nombreuses explications et approfondit le portrait de Brünhild, la Walkyrie prête à tout, y compris à perdre son immortalité pour aider son père à conserver sa prééminence sur le monde des hommes. Pour tous ceux qui, comme moi, n'avaient pas ouvert une bande-dessinée depuis Astérix ou Tintin, Siegfried fait figure de petite révolution, dont chaque page provoque un véritable émerveillement. Les graphismes sont d'une précision époustouflante et pourtant à aucun moment Alex Alice ne sacrifie les dialogues et l'intrigue au travail consacré au dessin, ce qui nous donne une superbe complémentarité entre textes et images. Un univers prenant, des personnages attachants ou inquiétants, des dialogues ciselés, des dessins magnifiques, en un mot un chef-d'oeuvre, alors vivement le troisième volume !
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