L'histoire d'un dictateur sans âge (entre 107 et 232 ans, personne n'est capable de le dire avec plus de précision) qui règne depuis une éternité sur un pays sous-développé, quelque part en Amérique latine.

     Despote tyrannique, pitoyable, grotesque, malpropre et grossier ("nom d'un bordel" est son expression favorite), il vit dans un palais envahi par les vaches et les poules : même les lépreux et les paralytiques qu'on retrouvait auparavant en pièces détachées dans les escaliers se cantonnent aux rosiers qui bordent le palais, et la cruauté du patriarche a fait fuir les ministres, les ambassadeurs, et même les courtisans les plus assidus.

     Seul, le dictateur commence à devenir sénile, et se remémore sa jeunesse perdue tant qu'il lui reste un peu de mémoire, sa vie, son accession au trône, son amour pour Manuelle Sanchez, la reine de beauté des pauvres...
    

Un roman désopilant, satire extrêmement réussie de tous les régimes dictatoriaux, avec un tyran désinvolte, égoïste, cruel, sanguinaire et profondément stupide, à tel point qu'il en devient touchant. Une sorte d'Ubu à la puissance N, version Amérique du Sud.

     Le style est très travaillé et, si la lecture de ce roman peut au début se révéler difficile (les phrases, au détriment de toutes les règles de syntaxe, font en moyenne six pages, même Proust n'avait pas osé le faire !), elle se révèle par la suite véritablement plaisante, tant l'humour se fait sentir à chaque page, dans les paroles du dictateur ou dans les situations, toutes plus loufoques les unes que les autres, auxquelles il se retrouve confronté bien malgré lui.

    Des images à couper le souffle, des personnages dessinés par petites touches selon une technique proche de l'impressionnisme, un roman atemporel et universel, aussi burlesque que Cent ans de solitude, aussi bien construit que Chronique d'une mort annoncée, un vrai délice de burlesque et de cruauté gratuite !

Retour à l'accueil