Après la mort de Séthi, l'Egypte entière se retrouve plongée dans le deuil. En attendant son accession au trône, Ramsès doit apprendre à reconnaître, entre insinuations et non-dits, ses partisans et ses adversaires. Car même si son père l'a explicitement désigné comme successeur, le frère aîné de Ramsès, Chénar, ne s'est toujours pas résigné à n'être que le second, et est bien résolu à reprendre la place qui lui est due. Le soutien de ses amis lui est plus que jamais indispensable, et s'il peut bien évidemment compter sur son fidèle Améni, scribe royal et porte-sandales du Pharaon, sur la belle Nefertari, première épouse, et sur sa mère Touy, veuve de Séthi et régente, le parti adverse semble gagner des forces de jour en jour : entre les membres du clergé d'Amon, persuadés de voir l'avènement d'un nouvel Akhénaton, et donc décidés à combattre Ramsès par tous les moyens possibles, les partisans d'Aton, encore peu nombreux, mais qui font de nouveaux adeptes chaque jour, sous l'égide du mage noir Ofir, dangereux et inquiétant, entre les Hébreux, dirigés par un Moïse de plus en plus tourmenté par sa foi naissante, qui seraient prêts à se rebeller à la moindre tentative d'oppression, ou encore les Grecs, menés par Ménélas et fermement associés à Chénar, Ramsès est bien menacé, et risque de se retrouver bien seul si jamais tous ses ennemis décident de s'allier contre lui. Surtout que l'infâme Chénar, de mèche avec sa soeur Dolente et l'époux de celle-ci, Sary, a résolu d'évincer Ramsès du pouvoir avant même la cérémonie de couronnement, et pour cela se met à recruter des agents doubles au sein des groupes les plus proches de Ramsès... Autant d'obstacles que le jeune Pharaon va devoir surmonter, grâce à l'aide de ses fidèles partisans, souvent bien plus prudents que leur roi, surtout que la première ambition de Ramsès est de parer l'Egypte d'innombrables temples tous plus grandioses les uns que les autres, et de construire une nouvelle capitale, Pi-Ramsès, dans le delta du Nil, ce qui n'est pas pour rassurer la noblesse thébaine, déjà bien versatile et méfiante à son égard...


Avec ce deuxième volume narrant la vie du plus célèbre Pharaon d'Egypte, Christian Jacq nous emmène au coeur des intrigues pour le pouvoir, des secrets d'alcôve et des conspirations politiques. Les défauts du premier tome sont également présents dans celui-ci, mais une fois que l'on a accepté le recours cons tant au merveilleux et au paranormal, les divagations de Christian Jacq deviennent un peu moins pénibles, même s'il est toujours agaçant de constater qu'il présente son ouvrage comme une biographie historique, et non  comme un roman fait d'approximations et même d'interpolations sans aucune preuve archéologique ou littéraire (sans revenir sur la question homérique et la présence de Ménélas, d'Hélène et d'Homère lui-même en Egypte, les passages qui tendent à faire de Ramsès le Pharaon de l'Exode, qui aurait chassé les Hébreux d'Egypramses-2.gifte sous la conduite de Moïse, sont véritablement exaspérants). Malgré ces lourds reproches, le roman est néanmoins sauvé par son intrigue, beaucoup moins naïve et futile que dans le volume précédent : avec des analyses plutôt fines des comportements des courtisans, entre partisans et adversaires du Pharaon, Christian Jacq présente une oeuvre captivante, où l'on tremble de voir, à chaque page, les ennemis de Ramsès devenir plus nombreux et bénéficier de soutiens au sein même du cercle d'amis du Pharaon (et dont on ne dévoilera pas les noms, pour ne pas gâcher le suspense, même si leur trahison est somme toute assez logique au regard des événements décrits dans le premier tome). Le personnage de Ramsès est parfaitement convaincant dans son rôle de tout jeune Pharaon, encore hésitant par moments et en même temps comme protégé par les dieux, ce qui contribue à renforcer son aura et son influence sur le peuple. Les doutes et les questionnements qui tourmenent le pauvre Moïse, jusqu'à sa fuite finale, sont passionnant, mais l'on aimerait toutefois que le personnage de Nefertari soit un peu plus mis en avant, et un peu mieux développé. L'histoire est portée par un style fluide, très agréable à lire, souvent poétique, mais certains anachronismes ne peuvent manquer de sauter aux yeux : comment justifier, dans le contexte du roman, l'emploi des termes "stopper" ou du "snobbisme" ? Ces quelques erreurs lexicales choquent au milieu des envolées lyriques du narrateur ou de ses analyses, plutôt précises et bien menées, de la situation politique de l'Egypte antique. Cependant, malgré ces reproches, somme toute assez fournis, l'ensemble du roman reste passionnant, et les descriptions des sites de Louxor, de Pi-Ramsès et d'Abou Simbel (pour l'instant encore vierge, avant la construction du grand temple à proprement parler, qui n'interviendra visiblement que dans la suite de la saga) sont à couper le souffle, dignes des meilleurs manuels d'archéologie, la tonalité épique en plus, mais pour une fois, ce n'est guère dérangeant, au contraire. En somme, et peut-être un peu malgré soi, on attend avec impatience de découvrir la suite de cette histoire.              3 étoiles

 

Juste pour le plaisir des yeux, quelques images des sites évoqués dans le roman :abou-simbel.jpg

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L'allée de sphinx reliant Karnak à Louxor

Le temple d'Abou Simbel

Le temple de Louxor

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