Vous souvenez-vous du truc le plus stupide que vous ayez pu faire ? Julie, elle, est la reine du truc stupide. Elle pourrait vous raconter la fois où, en enfilant un pull, elle a raté une marche et dévalé un escalier, ou encore le jour où elle a voulu réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents... Mais depuis qu'un nouveau voisin s'est installé dans l'immeuble, Julie est passée dans le registre supérieur, concernant les trucs stupides. Pourquoi cette soudaine curiosité ? Parce que le voisin en question, comme elle a pu le découvrir sur sa boîte aux lettres, s'appelle Riccardo Patatras. Ça ne s'invente pas. Poussée par une brusque envie d'en apprendre plus sur cet homme au nom improbable, la voilà qui tente d'espionner son courrier... jusqu'au moment où, après avoir laissé tomber sa lampe de poche dans la boîte aux lettres en question, elle se retrouve avec la main coincée dedans, pile à l'instant où il rentre chez lui. Tout homme normalement constitué aurait d'emblée pris ses distances avec cette voisine envahissante et monomaniaque, mais Ric, en plus d'avoir un nom rigolo, est vachement sympa, et pas rancunier : il l'aide à se libérer, quitte à sacrifier sa porte de boîte aux lettres, et au lieu de prendre ses jambes à son cou, le voilà qui papote avec une Julie plus écarlate que jamais. Mais cette histoire de main coincée n'est qu'un début pour Julie qui, pour en apprendre plus sur ce voisin, va se conduire de façon toujours plus délirante...

 

Difficile de résister à cette couverture un brin déjantée, avec ce pauvre chat qui a l'air si contrarié de porter son bonnet (péruvien ou de Père Noël, selon l'édition). Et même si le rapport avec l'intrigue est assez lointain, elle a le mérite de vousdemainjarrete.jpg amener à lire la 4e de couverture,  originale et entraînante. Toutefois, l'enthousiasme initial retombe assez rapidement : même si le début du roman est plutôt sympathique, avec cette héroïne à mi-chemin entre Bridget Jones et Amélie Poulain, le rythme s'enlise assez vite, et l'on assiste dans la deuxième partie du roman à un défilé de situations convenues ou de dialogues poussifs. Certes, l'humour de l'auteur, ainsi que son étonnante capacité à se glisser dans la peau de son héroïne, sauvent l'ensemble, mais les personnages sont trop caricaturaux et forcés pour qu'on s'attache véritablement à eux, ce qui est tout de même un peu gênant dans ce type de roman. En réalité, c'est tout l'univers que décrit ce livre qui fait penser à un décor de carton-pâte, comme dans un soap opera, avec cette ville de province anonyme où tout le monde semble se connaître, où la boulangère et l'épicier se chamaillent sans oser s'avouer leur amour, où les voisins se connaissent tous, où la banquière peut se reconvertir du jour au lendemain en vendeuse de pains au chocolat... Tout cela manque sérieusement de réalisme et de subtilité, et même s'il s'agit peut-être d'un parti pris visant à faire de ce roman un remède anti-crise, on a finalement l'impression assez désagréable d'avoir ingurgité un dessert un peu écœurant. Un livre un peu lassant à la longue, en somme, malgré une écriture plaisante, vive et enlevée, mais plombé par un dénouement vraiment trop facile et insipide. D'ailleurs, peut-être la meilleure partie du livre se trouve-t-elle à la fin, avec l'émouvante postface de l'auteur, pour une fois écrite avec finesse et pudeur.   2,5 étoiles

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