Trois femmes retrouvées mortes chez elle, apparemment décédées d'une banale attaque cérébrale. Mais en réalité, leur mort n'est pas accidentelle : elle a été provoquée par une thrombose de l'artère basilaire, dans la nuque, qui a entraîné l'asphyxie du cerveau et la mort. Mais la quatrième victime, Alison Willetts, n'a pas eu la chance d'en arriver là : elle gît à l'hôpital, comme un légume, atteinte d'un locked-in syndrome (syndrome d'enfermement en français), mais parfaitement consciente, ce qui est peut-être le pire. Au sein de la police londonienne, l'inspecteur Thorne, chargé de l'enquête, se convainc (trop?) rapidement de la culpabilité d'un jeune anesthésiste un peu trop sûr de lui. Bientôt, cette certitude tourne à l'obsession, et l'enquête vire à la faute professionnelle par harcèlement. De son côté, le Dr Anne Coburn a trouvé le moyen de communiquer avec Alison : un battement de cil pour oui, deux pour non. Et si Alison parvenait, avec ce moyen, un peu amélioré, à donner le nom de son agresseur ?

Sur une excellente idée de départ (traiter du locked-in syndrome, certes devenu à la mode depuis Le Scaphandre et le Papillon, mais encore trop mal connu du grand public), Mark Billingham a réussi à écrire un roman insipide et déplorable. Le début est assez plaisant, avec ce qu'il faut de mystère et de suspense, servi par l'alternance des instances narratives au sein d'un même chapitre (l'inspecteur, le meurtrier, le Dr Coburn...). Mais ce procédé tourne rapidement court et devient terriblement agaçant, d'autant plus que le personnage principal du livre, Thorne, ne fait rien pour être sympathique au lecteur : alcoolique, suffisant, égoïste, se prenant pour le justicier des jeunes femmes décédées (dont il entend les appels à l'aide dans sa tête, rien ne nous sera épargné !), hanté par une autre enquête, vieille de quinze ans, que l'auteur consent  enfin à nous révéler en entier au bout de quatre cents pages. Un peu trop de démons pour être crédible, et surtout pour être attachant. Ajoutons à cela un style effroyable, tout en facilités et en clichés sur les milieux hospitalier et policier (sans parler de la psychologie de bas étage, que l'auteur semble pourtant vouloir éviter). Le seul personnage à sauver serait celui d'Alison, dont les interventions, en fin de chapitre, sont pleines d'un humour caustique et d'autodérision bienvenus après vingt-cinq pages d'enquête lassante. Parlons-en, de l'enquête : sans dévoiler la fin, on peut dire que Thorne passe quatre cents cinquante pages à courir après son anesthésiste, pour déboucher sur un dénouement en eau de boudin, c'est le cas de le dire (ceux qui ont lu/liront le roman comprendront). Seul l'épilogue se révèle intéressant et émouvant, quoiqu'assez prévisible, somme toute. En bref, un roman que je ne conseillerais pas, malgré les louanges de la presse, tant on s'y ennuie, tant son héros est antipathique et tant l'écriture en est mauvaise !
Retour à l'accueil