Jonathan Harker, jeune clerc de notaire anglais, arrive dans les Carpates au terme d'un éprouvant voyage, laissant derrière lui sa fiancée, Mina. Le comte Dracula, son hôte, a tout prévu pour le recevoir. Mais lorsque, après une courte nuit dans une étrange auberge, Jonathan découvre le château de son hôte, il ne peut s'empêcher de ressentir une étrange impression de malaise, qui grandit avec les jours et les découvertes successives : le comte ne se nourrit jamais, il dort le jour et vit la nuit, ne se reflète pas dans les miroirs... Et si Jonathan était en fait prisonnier d'une créature diabolique ? Quelques mois plus tard, en Angleterre, la jeune Mina voit son amie Lucy, prête à se marier, dépérir, victime d'une mystérieuse langueur... Pourquoi ces deux traces rouges sur son cou ? Et ces inquiétantes crises de somnambulisme ? Heureusement, Mina peut compter sur ses amis, Arthur Holmwood, le futur époux de Lucy, le docteur Seward, qui dirige un asile d'aliénés, Quincey Morris, un charmant texan prêt à donner sa vie pour la jeune fille, et, bien entendu, le professeur Van Helsing, spécialiste des sciences occultes... Aidés de Jonathan, qui finit par s'échapper miraculeusement du château de Dracula, ils vont tous s'allier pour combattre l'invisible sur son propre terrain, dans une lutte contre le plus célèbre, mais aussi le plus dangereux, des non-morts.

On a tout dit, tout lu, tout entendu au sujet de Dracula, et bien souvent ces informations étaient erronées. Il était temps de revenir à la source du mythe avec ce long roman  épistolaire entrecroisant journaux intimes, télégrammes, lettres et coupures de presse, ce qui permet à Bram Stoker de jouer sur l'alternance des points de vue pour mieux surprendre et faire frissonner son lecteur. Le personnage de Dracula, qui n'a, paradoxalement, jamais la parole dans le roman, est fascinant, mélange complexe d'Eros et de Thanatos (n'oublions pas que cette oeuvre a été composée à l'époque des débuts de la psychanalyse, et le rôle du Dr Seward est à ce titre significatif), redoutable mais en même tem
dracula.jpgps tellement vulnérable lorsque Van Helsing et ses amis se mettent en tête de le vaincre... Bien loin des vampires modernes végétariens, en lutte contre les lycanthropes ou intégrés à la société contemporaine, Dracula incarne le Mal absolu, l'âme éternellement damnée, et même si l'on peut trouver que cet aspect manichéen du roman a quelque peu vieilli, le talent littéraire indéniable de Bram Stoker permet au lecteur de s'attacher aux héros, bien campés et très intéressants, chacun dans son genre. Certes, on peut lui reprocher quelques longueurs par moments, mais pour autant l'angoisse ne faiblit jamais, surtout dans la première moitié du roman. Sans aller jusqu'à l'interprétation psychanalytique, ce livre, archétype du roman fantastique, présente de nombreux niveaux de lecture et suscite un profond enthousiasme. En bref, un roman palpitant, au style indémodable, à l'intrigue prenante,  sulfureuse et terrifiante, maintes fois plagié mais jamais égalé, qui ravira de nombreux lecteurs. Pour les amateurs de cinéma, parmi les nombreuses adaptations dont ce roman a fait l'objet, celle de Coppola est sans conteste la plus fidèle et la plus proche du ton du livre (et assurément celle qui présente le casting le plus alléchant !), même si l'on peut trouver que la fascination amoureuse de Mina pour Dracula n'était vraiment pas nécessaire. Sans conteste, le meilleur roman sur les vampires jamais écrit.
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