Julie de Hauranne est une jeune actrice franco-portugaise qui se trouve à Lisbonne pour tourner un film adapté des Lettres portugaises de Guilleragues. Ce roman épistolaire raconte la passion dévorante d'une religieuse pour un officier qui l'a séduite puis abandonnée. Elle y fait diverses rencontres, le réalisateur du film (à mi-chemin entre Dali et Noël Mamère), l'autre acteur du film dans le film (interprété par Adrien Michaux), un orphelin, un vieil aristocrate érudit et suicidaire, un amant potentiel... Mais surtout, elle est fascinée par une religieuse qui passe toutes ses nuits à prier dans la petite chapelle Nossa Senhora do Monte. Alors que ses précédentes rencontres paraissaient dépourvues de sens et d'intérêt, la discussion qu'elle va finalement avoir avec la religieuse, Irma Joana, va lui permettre de donner enfin un sens à sa vie et à prendre en main son destin.

Dire que le cinéma d'Eugène Green est un cinéma prétentieux et élitiste serait une lapalissade. Son goût prononcé pour les liaisons bien à propos (eh oui, il y a un "t" à la fin de "nuit" et de "maintenant") et pour un jeu d'acteurs déroutant (les acteurs ont l'air de réciter leur texte face à une caméra, sans aucune intonation ni émotion vraisemblables) en agacera rapidement plus d'un. Citons également son attachements aux plans bressonniens, sur les pieds et les mains de ses acteurs... Malgré tous ces défauts, qui ne contribuent certes pas à rendre le film accessible à tous (en témoignent les nombreux rires incrédules des quinze spectateurs présents à la séance), La Religieuse Portugaise se révèle finalement touchant, poétique et sensible. A vrai dire, les 20 dernières minutes sauvent l'ensemble du film (qui dure tout de même deux bonnes heures, on vous aura prévenu !). Porté par un dénouement magistral et extrêmement émouvant, ce film vous marquera sans aucun doute, en bien ou en mal, mais en tout cas, il ne vous laissera pas indifférent. Mention spéciale à Adrien Michaux pour son charisme et sa prestance, ainsi qu'à Mozos Francisco, qui interprète le petit Vasco et à Ana Moreira, la religieuse (sans doute les deux seuls acteurs autorisé à jouer "vrai"). A voir pour la fin, donc, mais aussi pour la musique, avec quatre thèmes de fado somptueusement interprétés.

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