Fin du XVIIe siècle. Le duché de Lorraine, l'un des plus petits Etats d'Europe, est occupé par les troupes françaises. Nicolas Déruet, chirurgien ambulant, rencontre successivement deux femmes que tout oppose. L'une, Marianne, est une sage-femme célibataire, jeune, fraîche et libre comme l'air. L'autre, Rosa, est promise au marquis de Cornelli, un riche barbon qu'elle n'a aucune envie d'épouser. Nicolas, de retour à Nancy, chez son maître François après plusieurs années sur les routes de Lorraine, fait très vite montre de ses talents et se constitue une bonne clientèle. Mais à la suite d'une opération après laquelle le patient est décédé, il est emprisonné puis contraint à l'exil : quittant la Lorraine, le voici parti sur les chemins de la Hongrie, pour rejoindre les armées de la coalition en guerre contre les Turcs. Dans les hôpitaux militaires installés dans les steppes hongroises, il fait la connaissance de Germain Ribes de Jouan, bon vivant et jovial, et d'Azlan, un jeune tzigane qui rêve de devenir lui aussi chirurgien. Après des années passées sur les champs de bataille, Nicolas obtient enfin le droit de regagner le duché de Lorraine, qui vient tout juste de recouvrer son indépendance. A son arrivée, il pense retrouver la belle Marianne, qu'il était censé épouser avant son exil. Mais il découvre, amer, que celle-ci a disparu après s'être mariée avec un autre. La marquise de Cornelli, quant à elle, constitue depuis son veuvage l'un des plus beaux partis de la Lorraine, mais elle n'a d'yeux que pour le jeune chirurgien. Celui-ci, pour laver son innocence et se disculper une bonne fois pour toutes, aura fort à faire, d'autant que tous ses ennemis n'ont pas renoncé à lui nuire...

 

La chirurgie dans le duché de Lorraine au croisement du XVIIe et du XVIIIe siècle, on dirait le titre d'une thèse façon "Les Chevaliers Paysans de l'an mil au lac de Paladru", nous sommes d'accord. Mais alors même que le sujet de ce roman semble rébarbatif et assommant, on découvre dès les premières pages une intrigue palpitante, des personnages attachants, hautsle-soleil-sous-la-soie.jpg en couleurs et aux caractères finement étudiés, le tout servi par une écriture irréprochable, légère et s ubtile à la fois. Ce livre est en outre parfaitement documenté (notamment sur les opérations chirurgicales de l'époque), même s'il prend parfois quelques libertés avec l'Histoire (qui sont pour la plupart signalées en fin d'ouvrage, avant une impressionnante bibliographie), et de ce point de vue la seule erreur répréhensible concerne le portrait fait du duc de Saint-Simon, clamant à tout va qu'il rédige ses Mémoires, ce qui va à l'encontre de ce qu'il dit lui-même dans ses écrits. Certes, le héros, Nicolas Déruet, peut sembler un peu trop parfait pour être honnête, mais la variété et les caractères contrastés des personnages secondaires compense largement ce côté trop lisse. Avec ses six cents pages, ce roman vous emmène dans un tourbillon d'aventures plus passionnantes les unes que les autres, que ce soit dans un hôpital militaire perdu au fin fond des champs de bataille hongrois ou dans un troquet de Nancy, et même si la comparaison avec le chef-d'oeuvre de Ken Follet, Les Piliers de la Terre, est un peu exagérée, ce livre se dévore avec un plaisir non dissimulé et sait habilement relancer l'intérêt du lecteur d'un chapitre à l'autre. Seule déception à signaler, le dénouement, trop rapide au regard des événements qui y sont rapportés, pourrait quelque peu frustrer les lecteurs. Mais ces reproches sont bien légers face à un ouvrage aussi instructif que palpitant, rempli d'humour, et bénéficiant de surcroît d'un joli titre en forme de métaphore, explicité dans le corps même du roman.  4 étoiles

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